Histoire du pot lyonnais

Le Pot Lyonnais : Une Tradition Unique au Cœur de Lyon

remplissage du pot lyonnais au tonneau de vin

Un Objet Simple, Une Histoire Complexe

Le pot lyonnais, cette fameuse bouteille de verre épais que l’on retrouve dans les bouchons de Lyon comme le nôtre: l’Auberge des canuts, est bien plus qu’un simple récipient. C’est un véritable symbole de la culture lyonnaise, ancré dans une histoire qui remonte au Moyen Âge. À première vue, il paraît banal, avec sa taille de 29 cm et son diamètre de 7 cm, mais son fond épais – surnommé affectueusement “gros cul” – réduit sournoisement sa contenance à 46 centilitres. Une arnaque ? Pas vraiment. Mais cette particularité historique a suscité bien des débats à travers les siècles.

Les Racines du Pot Lyonnais

Pour comprendre l’origine du pot lyonnais, il faut plonger dans l’histoire. Avant de devenir le petit contenant de 46 cl que l’on connaît aujourd’hui, le pot lyonnais a vu sa contenance varier. En 1564, il contenait 2,08 litres de vin, une mesure utilisée dans les tavernes pour vendre au détail. Mais déjà au XIVe siècle, il existait des mesures spécifiques au vin à Lyon, comme l’« ânée », une unité correspondant à la charge qu’un âne pouvait porter, soit 93 litres, divisée en multiples de pots plus petits.

Au fil du temps, sous l’influence des différentes tentatives de standardisation des mesures à travers la France, la taille du pot a été réduite. La première grande baisse de contenance s’est produite au XVIIe siècle, le pot passant à 1,04 litre. Puis, au XIXe siècle, une nouvelle révision drastique est imposée : le pot lyonnais est fixé à 46 cl par décret.

Une Affaire de Canuts et de Vin

Cette réduction de la taille du pot ne s’est pas faite sans heurts. Les Canuts, les célèbres ouvriers tisserands de la soie à Lyon, étaient au cœur de ce bouleversement. En effet, les patrons soyeux fournissaient traditionnellement 50 cl de vin à leurs travailleurs. Cependant, pour faire des économies, ils ont fait en sorte que les pots soient réduits à 46 cl. De cette manière, un litre de vin permettait de remplir deux pots plus un petit verre supplémentaire… pour le patron, bien entendu ! C’est ce que l’on appelle aujourd’hui le « verre du patron ».

un pot de vin rouge posé sur une table dans un bouchon lyonnais

Le Pot Lyonnais, Aujourd’hui Encore Présent

De nos jours, le pot lyonnais est un objet indissociable du menu de bouchon lyonnais. Fabriqué en verre épais, souvent teinté de vert avec des bulles d’air emprisonnées, il évoque à la fois la tradition et la convivialité. Dans les restaurants, il est courant de voir des élastiques colorés enroulés autour du goulot pour distinguer les différents types de vin, qu’il s’agisse de Beaujolais, de Côtes du Rhône, ou d’autres crus locaux.

Une version plus petite du pot a également vu le jour : la fillette lyonnaise, contenant entre 25 et 29 centilitres. Moins fréquente, elle rappelle cependant que le pot lyonnais continue d’évoluer avec le temps, tout en conservant sa place dans la culture locale.

Un Héritage à Savourer

Boire dans un pot lyonnais, c’est un peu comme prendre une gorgée d’histoire. Chaque détail, de son fond épais à sa contenance réduite, est le fruit de siècles de tradition et d’ajustements, façonnés par les évolutions économiques, politiques et sociales de la région. Alors, la prochaine fois que vous trinquez dans un bouchon lyonnais du Vieux Lyon ou d’ailleurs, souvenez vous que ce pot, avec ses 46 centilitres, est bien plus qu’un simple récipient : il est le témoin silencieux d’une époque révolue, toujours vivante dans les rues de Lyon.